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TOITURES REMARQUABLES

Photo du rédacteur: Marie PERROT DURANDMarie PERROT DURAND
Dessin d'une façade de château - Bretagne - Rendu main léger - ECARTFIXE
Dessin d'une façade de château - Bretagne - Rendu main léger - ECARTFIXE

Je vous propose dans cet article de partir à la découverte de 6 toitures emblématiques de notre patrimoine


 

ENTRE FORMES ET MATERIAUX D'EXCEPTION

 

Le paysage architectural français se distingue par la richesse et la diversité de ses toitures. Bien plus qu’un simple élément protecteur, elles racontent l’histoire des régions, témoignent du savoir-faire des artisans et participent au caractère unique de chaque édifice. Certaines se démarquent par leur forme audacieuse, d’autres par l’originalité de leurs matériaux.


Hôtel de Vogüé - DIJON ( Wikimedia Commons )
Hôtel de Vogüé - DIJON ( Wikimedia Commons )
J'ai dessiné des toitures de formes très différentes ces 25 dernières années. Je ne me lasserai jamais, c'est magnifique ! Je crois que je serai éternellement en admiration devant tous ces détails, matériaux et savoir faire traditionnels. On a tous en tête des toitures typiques de Bourgogne, Bretagne, Paris ou de Normandie mais connaissez-vous leurs noms exacts? leurs origines et caractéristiques ? J'ai eu très envie d'étudier tout cela plus en détails et de vous présenter mes 6 coups de coeur :)

 

1- LES TOITS EN "POIVRIERE"

L'élégance Défensive des Châteaux

 

"Un toit, c'est l'ombre d'une maison"

Jean-Paul Sartre, Les Mots

 

Les toitures en poivrière sont très emblématiques du patrimoine français, particulièrement répandu dans les régions du centre et de l’est de la France, comme la Bourgogne, l’Île-de-France et l’Alsace.


Elles se reconnaissent à leur forme conique et élancée, souvent posée sur les tours d’enceinte, les pigeonniers ou les tourelles des châteaux. Le terme "poivrière" vient de leur ressemblance avec les anciens moulins à poivre.



Quelques exemples ( Wikimedia Commons ) - Pierrefonds, Sully-sur-Loire, Ermenonville et Chambord


Apparues à l’époque médiévale, ces toitures avaient une fonction défensive : en couvrant les tours des fortifications, elles limitaient l’impact des projectiles et rendaient plus difficile l’accès aux assaillants. Plus tard, elles sont devenues un élément de prestige et d’élégance, ornant les manoirs et les hôtels particuliers. Elles sont souvent couvertes de tuiles plates en terre cuite ou d’ardoises, selon la région.


Parmi les exemples célèbres, on peut citer les toitures en poivrière du château de Chambord, où elles coiffent certaines tours, ou encore celles du château de Sully-sur-Loire, parfaitement conservées. Le château de Pierrefonds, restauré par Viollet-le-Duc, illustre également la magnificence de ces toitures, avec leurs silhouettes élancées et imposantes. Aujourd’hui, elles restent un symbole fort du patrimoine médiéval et de l’architecture seigneuriale en France.



 

CHIFFRES CLEFS DES CHATEAUX EN FRANCE


La France compte environ 45 000 châteaux en 2025

dont 13000 châteaux forts et 400 de style renaissance

chaque année environ 3 000 sont en vente et 400 changent de propriétaires

Prix moyen d’un château : entre 800 000 € et 2 millions d’€.

La région du Centre-Val de Loire, souvent surnommée le "Jardin de la France", est particulièrement réputée pour sa concentration de châteaux, avec plusieurs centaines d'entre eux, dont 120 ouverts au public. Parmi eux, les très célèbres Chambord, Amboise ou encore Chaumont jouissent d’une notoriété internationale.


 

Paris ( Wikimedia Commons )
Paris ( Wikimedia Commons )
 

2 - LES TOITS "A LA MANSART"

L'ingéniosité de l'Architecture Classique

 
Toitures " à la Mansart " (à croupes) - Wikimedia Commons
Toitures " à la Mansart " (à croupes) - Wikimedia Commons

Les toitures à la Mansart, ou toits mansardés, sont une caractéristique emblématique de l’architecture française, particulièrement répandue en Île-de-France et dans les grandes villes où elles ont été popularisées par l’urbanisme du XVIIe et XIXe siècle. Ce type de toiture doit son nom à l’architecte François Mansart (1598-1666), bien qu’il ne soit pas l’inventeur du concept. Elle se compose de quatre pans dont la partie inférieure est très inclinée (souvent entre 60° et 70°), tandis que la partie supérieure est presque plate. Cette configuration permet d’aménager un étage supplémentaire sous les combles, un atout majeur en milieu urbain.



MAIS ALORS, ME DIREZ VOUS, QUI EST LE VERITABLE INVENTEUR DE CES TOITURES ??

 
Façade ouest de l'aile Lescot du LOUVRE par H. Legrand et A. Berty 1885 ( Wikimedia Commons )
Façade ouest de l'aile Lescot du LOUVRE par H. Legrand et A. Berty 1885 ( Wikimedia Commons )
Le concept trouve ses premières origines au Moyen Âge mais c’est Pierre Lescot (1515-1578), architecte de la Renaissance, qui l’a utilisé de manière significative dans son projet pour l’aile Lescot du Louvre en 1550. Cela étant, c’est bien François Mansart qui a perfectionné et popularisé cette toiture au XVIIe siècle, en l’intégrant de manière systématique dans ses réalisations architecturales.

L’essor des toits mansardés s’est accéléré sous Napoléon III, notamment avec les grands travaux du baron Haussmann qui ont transformé Paris au XIXe siècle. Ainsi, les immeubles haussmanniens arborent presque tous ce type de toiture, recouverte d’ardoises ou de zinc, avec des lucarnes élégantes. En dehors de la capitale, les toitures à la Mansart se retrouvent sur de nombreux châteaux et hôtels particuliers, notamment au Château de Versailles, au Château de Chambord (où elles ont été ajoutées sous Louis XIV) et à l’Hôtel de Ville de Paris.


Immeuble Parisien - Image Freepik
Immeuble Parisien - Image Freepik

Aujourd’hui, ces toitures symbolisent l’élégance du patrimoine architectural français et continuent d’être utilisées pour leur esthétique raffinée et leur optimisation de l’espace habitable.


 

3 - LES TOITS EN "CARENE"

Une inspiration Maritime

 

"Il en est des toits d’une capitale comme des vagues d’une mer"

Victor Hugo Notre Dame de Paris Tome I

 

Les toitures en carène, aussi appelées "toitures de bateau renversé" ou "toitures à la Philibert Delorme", du nom de l'architecte qui a popularisé cette technique, prennent leur essor en France au XVIe siècle, notamment dans la région de Mende, en Lozère.


Elles se caractérisent par un toit à deux pentes douces qui se rejoignent au sommet, ressemblant à la forme d’une coque de navire. L'originalité de ces toitures réside dans l’utilisation de pièces de bois plates et légères, assemblées par un système de clavettes. Cette méthode de construction permet un montage facile et rapide sans nécessiter de gros engins de levage.



La célèbre "salle des pôvres" des hospices de Beaune - Un dessin de la grande salle du palais de justice de Rouen - Ancienne teinturerie sur la rive droite du Biez à Mondeville ( Wikimedia Commons )


Les toitures en carène sont particulièrement adaptées aux régions où les conditions climatiques sont difficiles, car elles permettent une évacuation efficace des eaux de pluie et résistent bien aux intempéries. En Lozère, ce type de toiture est largement utilisé pour les granges, car il permet d’exploiter entièrement l’espace sous le toit pour le stockage des denrées, notamment pour le fourrage. Ce modèle est également présent dans certaines régions côtières comme la Bretagne, où les maisons de pêcheurs et les églises, comme celle de Saint-Malo, conservent ce style.


Aujourd'hui, les toitures en carène restent un symbole de l'architecture traditionnelle française et témoignent de l’ingéniosité des constructions anciennes adaptées aux besoins locaux.


 

QUI ETAIT PHILIBERT DELORME ?

Philibert Delorme (1514-1570) était un architecte et ingénieur français de la Renaissance. Il est particulièrement célèbre pour ses travaux sur la charpente et la toiture. Il a été un pionnier dans l'usage du bois pour des structures légères et efficaces, permettant une construction plus rapide et plus économique. Il a également travaillé sur des projets de grande envergure, comme le château d'Anet pour Diane de Poitiers et l'aménagement de la galerie du Louvre, sous le règne de Henri II. Son approche innovante en matière de conception architecturale a profondément influencé le développement de l'architecture française du XVIe siècle.
 

4 - LES TOITS EN "LAUZES"

La force des Matériaux Ancestraux

 

Les toitures en lauzes sont une caractéristique architecturale traditionnelle très répandue en Auvergne, en Cévennes, en Ardèche, ainsi qu'en Bretagne et en Savoie.


Ce type de couverture est composé de pierres plates, appelées lauzes, extraites de carrières locales, et posées de manière à se chevaucher, assurant ainsi une bonne étanchéité tout en permettant une certaine souplesse face aux intempéries. Ces pierres, généralement de schiste ou de calcaire, sont extraites et taillées à la main selon des dimensions adaptées aux besoins de la toiture.


Village de Laguiole ( Wikimedia Commons )
Village de Laguiole ( Wikimedia Commons )

L’origine des toitures en lauzes remonte à l’Antiquité, bien qu'elles aient été largement utilisées durant le Moyen Âge. Elles étaient particulièrement prisées dans les régions montagneuses, où le bois était rare et coûteux. Les toitures en lauzes offrent également des avantages thermiques en maintenant les bâtiments frais en été et chauds en hiver.


En termes de patrimoine, on peut citer plusieurs exemples emblématiques, tels que les villages de la vallée de la Haute-Loire, le Mont Lozère ou encore des bâtiments comme la Maison des Templiers à Saint-Affrique, dans l'Aveyron. Ces toitures, souvent vues dans les hameaux isolés, symbolisent l’ingéniosité des bâtisseurs locaux et sont toujours visibles aujourd’hui, bien que leur usage soit devenu plus rare en raison de l’arrivée de matériaux modernes. Cependant, elles continuent d’être valorisées dans des projets de restauration ou de construction écologiques.


 

5 - LES TOITS EN "TUILES VERNISSEES"

Le prestige coloré de la Bourgogne

 

"Sous le même toit, nous avons des rêves qui ne se ressemblent pas."

Agnès Martin-Lugand

 

Les toitures en tuiles vernissées sont l’un des éléments architecturaux les plus emblématiques de la Bourgogne, mais elles se retrouvent aussi en Franche-Comté et en Alsace.


Leur particularité réside dans l’utilisation de tuiles de terre cuite recouvertes d’une glaçure colorée, formant des motifs géométriques complexes aux couleurs vives : jaune, vert, rouge et brun. Ce type de couverture, à la fois esthétique et résistant, trouve son origine au Moyen Âge, notamment sous l’influence des traditions flamandes et germaniques.



Quelques exemples de motifs magnifiques ! ( Wikimedia Commons )


Hôtel-Dieu de Beaune ( Wikimedia Commons )
Hôtel-Dieu de Beaune ( Wikimedia Commons )

L’un des exemples les plus célèbres est l’Hôtel-Dieu de Beaune, dont la toiture polychrome, réalisée au XVe siècle, est devenue un symbole de l’architecture bourguignonne. D’autres monuments emblématiques arborent ce type de couverture, comme le Palais des Ducs de Bourgogne à Dijon, le château de La Rochepot ou encore mais aussi le Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse..



L’utilisation de tuiles colorées à Brou, situé dans l'Ain et non en Bourgogne s’explique par l’influence des artisans flamands qui ont participé à sa construction au début du XVIe siècle, sous l’impulsion de Marguerite d’Autriche.

Au-delà de leur rôle décoratif, ces tuiles vernissées offrent une excellente imperméabilité et une grande durabilité, ce qui explique leur popularité à travers les siècles. Aujourd’hui, elles sont toujours utilisées dans la restauration du patrimoine et inspirent même l’architecture contemporaine, apportant une touche traditionnelle et raffinée aux toitures françaises.


 

6 - LES TOITS "A REDENTS"

Un héritage architectural méconnu

 


A droite en haut la maison la maison de Tristan l'Hermite à Tours - En bas à gauche la Brasserie Malterie d'Arleux (Nord) - en bas à droite l'hôtel de ville de Barr ( Bas Rhin) - Wikimedia Commons


Aussi appelées toitures "en gradins" ou "à pas de moineaux", les toitures à redents se distinguent par leur silhouette en escalier le long des pignons. Ce type de construction, bien que plus répandu en Belgique, aux Pays-Bas et dans le nord de l'Europe, existe également en France, notamment en Alsace, en Flandre française, en Normandie, dans le Vercors et dans certaines parties du Languedoc. On en trouve aussi quelques exemples isolés en Bretagne et en Poitou-Charentes.


En France, quelques édifices illustrent bien cette tradition, comme la Maison des Têtes à Colmar, dont le pignon à redents est caractéristique de l’architecture alsacienne. On peut aussi citer l'église Saint-Éloi de Dunkerque ou encore certaines maisons anciennes de Pézenas et Béziers en Languedoc, de Dinan et Saint-Malo en Bretagne.


Aujourd’hui, bien que rares, ces toitures témoignent d’un savoir-faire ancien, à la croisée des influences flamandes et françaises, et sont encore visibles dans plusieurs villes au riche passé historique.

Maison à Brégnier ( Wikimedia Commons )
Maison à Brégnier ( Wikimedia Commons )

La "couve", pierre très lourde au sommet des pignons à redents, marquait l’achèvement du chantier et donnait lieu à une tradition ouvrière : le "droit de couve", une récompense offerte par le maître d’ouvrage (souvent sous forme d’un bon repas ou d’une tournée de bière). Elle avait aussi une fonction protectrice, symbole de fertilité elle était censée éloigner les mauvais esprits et les intempéries. Dans certaines régions, elle était sculptée de symboles religieux ou d'animaux, comme des coqs ou hiboux, renforçant son rôle de talisman.

 

CONCLUSION

Un patrimoine céleste à préserver !


Ces toitures (et il y a encore tant d'autres que l'on pourrait citer !) véritables signatures architecturales, témoignent du génie des bâtisseurs et de la diversité des savoir-faire régionaux. Entre protection, ingéniosité et ornementation, elles incarnent l’âme de notre patrimoine bâti. Préserver et restaurer ces chefs-d’œuvre, c’est garantir la transmission d’un héritage architectural unique aux générations futures.


Alors combien de noms connaissiez vous déjà ? :) Dites moi en commentaire celle des 6 qui vous a le plus fasciné et ce qui vous a le plus surpris ^^
 

Dessin en écorché d'un projet au sein de l'institut de France à Paris - rendu "mixte" - ECARTFIXE
Dessin en écorché d'un projet au sein de l'institut de France à Paris - rendu "mixte" - ECARTFIXE


 

Un grand merci pour votre lecture !

J'espère que vous aurez appris des choses intéressantes^^

si oui n'hésitez pas à me laisser un commentaire


Marie



1 Kommentar


Isaure
03. März

Très intéressant, merci 🤓

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